Portrait linguistique de Genève

L'état et les besoins décrits par une étude d'ICV
Photo © Camarada
Photo © Camarada
Irene Amodei, English translation by Margaret Flez, Spanish translation by Stephanie Garde
27 novembre 2008

Une nouvelle étude vient d'être publiée par l'équipe d'ICVolontaires à Genève, intitulée Voix au Chapitre. L'étude porte sur la situation linguistique des migrants vivant dans le canton genevois (où 25% de la population n'est pas de langue maternelle française) et révèle trois domaines prioritaires pour lesquels l'accompagnement linguistique est plus que nécessaire: la santé, l'éducation et l'administration.
Cette recherche est le fruit d'une enquête de terrain menée à plusieurs niveaux par le réseau d'ICVolontaires, en étroite collaboration avec de nombreuses associations, administrations et institutions.

Voix au Chapitre constate que les populations qui sont particulièrement dans le besoin en matière linguistique dans le canton genevois sont les communautés africaines non-francophones, suivis par les latino-américaines et certains groupes asiatiques, plus difficilement accessibles, mais tout autant concernés. Malgré l'existence en grand nombre sur le territoire genevois d'ONG, d'institutions publiques et parapubliques et malgré des services d'interprétation dans le domaine de la santé et de l'école soient déjà disponibles, l'étude démontre qu'ils ne parviennent pas à combler toute la demande et qu'il serait très utile de mettre en place des mesures complémentaires d'accompagnement linguistique.

"Notre postulat de travail" explique l'équipe de chercheurs "est qu'un accompagnement linguistique pour migrants leur permettrait non seulement de vaincre des réticences à investir certains espaces de leur environnement social, mais également de générer l'envie et la capacité d'agir dans la société d'accueil. Un tel service augmenterait la cohésion et la stabilité dans la collectivité en favorisant la confiance, la résolution des conflits et la collégialité".

Voici quelques considérations et recommandations tirées directement de l'étude.

  • Parmi les 350 migrants qui ont répondu au questionnaire distribué pendant l'enquête de terrain, 60% ressentent un besoin d'accompagnement linguistique important.
  • L'école, l'accès aux soins, les procédures administratives et la traduction de documents sont les trois domaines prioritaires qui nécessitent d'être couverts pour les familles de migrants.
  • Le niveau de formation des interprètes communautaires sur Genève est faible comparé à d'autres régions de Suisse: seul 7% des professionnels possèdent le Certificat Suisse pour les Interprètes Communautaires. Un complément de formation en interprétariat communautaire semble donc indispensable, dans la mesure où les questions d'interculturalité et de transculturalité sont absolument essentielles.
  • Généralement la famille -- souvent les enfants -- représente le pilier d'entraide le plus important. Lorsqu'il n'est pas possible de s'appuyer sur la famille, les personnes dans le besoin se retournent vers les amis ou les services d'entraide associative qui, faute d'infrastructure, n'ont pas toujours la possibilité d'assister ses ressortissants en matière de langues.

Après avoir détaillé méticuleusement la géographie humaine du territoire genevois, l'étude propose aussi des actions concrètes, comme la mise en place d'un projet pilote au niveau de l'école.

"Dans les secteurs urbains à forte concentration d'immigrants» expliquent les chercheurs 'nous souhaitons mettre à disposition des parents, des interprètes volontaires formés spécifiquement à la problématique scolaire et aux techniques d'interprétariat communautaire. Leur rôle sera de faciliter les relations parents-école. L'interprétation en sera une des modalités, mais nous organiserons également chaque semaine des permanences, en présence d'enseignants et de conseillers pédagogiques, où les parents pourront directement discuter de leurs inquiétudes ou simplement se familiariser avec le système scolaire genevois".
"Nos objectifs", continuent les chercheurs "sont d'augmenter la compréhension réciproque des migrants et des enseignants, de susciter un dialogue respectueux des paramètres interculturels, de faciliter l'accès aux institutions, de rompre l'isolement et ainsi, de favoriser l'envie d'apprendre le français pour parvenir à une plus grande autonomie".

Si vous êtes intéressés à recevoir cette étude, n'hésitez pas à contacter notre bureau de Genève au + 41 22 800 14 36.

©1998-2024 ICVolunteers|conception + programmation mcart group|Mis à jour: 2019-01-28 10:52 GMT|Notre politique|